Maison Gabriel-Gilbert Une maison remarquable sauvée de la démolition

Une maison remarquable sauvée de la démolition

L’ancienne résidence du directeur du quotidien Le Soleil, Gabriel Gilbert, sauvée de peu de la démolition, était figée en 1955 lorsque TERGOS a été mandaté pour la remettre en valeur. Témoignages d’une autre époque, les quartiers de la bonne avec leur entrée indépendante et leur cuisine laboratoire munie d’un passe-plat étaient intacts¹. Malheureusement peu entretenue au fil du temps, la résidence présentait des défis de rénovation importants pour lui redonner son lustre d’antan en évitant de devenir un puits financier.

Le Répertoire du patrimoine bâti de la Ville de Québec exprime clairement ce qui distingue cette résidence conçue par l’architecte André Gilbert pour son frère : « Elle présente un intérêt architectural et artistique supérieur par l’audace de sa proposition pour la période de construction dans la région, la qualité de ses matériaux, son authenticité et son association à l’architecte André Gilbert, inspiré par les préceptes des maisons usoniennes de Frank Lloyd Wright, sans oublier sa réception remarquée dans la communauté architecturale peu de temps après sa construction². » La résidence Gabriel-Gilbert a, plus récemment, été immortalisée dans Farador, premier film du réalisateur Édouard Albernhe-Tremblay. On peut y apprécier plusieurs espaces, tant extérieurs qu’intérieurs, mais également son besoin criant de travaux majeurs.

Avec sa façade sur rue quasiment dénuée d’ouvertures, la maison Gabriel-Gilbert surprend lorsque l’on passe la porte. L’aire de vie généreusement fenestrée s’ouvre sur une cour intérieure intime encadrée par la forme en L du bâtiment. Le jeu de volumes ponctué par l’alternance de toitures plates et de toits en pente est encore accentué par l’opposition de deux matériaux nobles, soit le cèdre vertical et la brique allongée. L’ensemble des travaux a été réalisé dans l’objectif de préserver les caractéristiques remarquables de cette maison du patrimoine moderne. La structure de bois apparente a été sablée et vernie de couleur claire pour la mettre en valeur. La cuisine laboratoire, qui fut jadis également immortalisée dans une publicité du lait, a fait place à une aire ouverte d’une luminosité exceptionnelle. Les différences de niveaux de planchers d’origine ont permis de travailler l’espace de façon à distinguer l’aire de vie d’avec l’entrée et l’aile des chambres. Tout comme à l’époque de sa construction, le design intérieur « est sobre et du meilleur goût² ». 

Pour respecter l’esprit de la fenestration, toutes les nouvelles ouvertures reprennent le rythme original de chacune des façades. De dimensions plus généreuses, les assemblages de fenêtres créent une fenestration « en un seul jet² » qui laisse entrer le jardin dans la maison. L’aile des chambres a également été reconfigurée en inversant la position du corridor pour maximiser la fenestration sur la cour. À l’extérieur, côté rue, le jeu des volumes est marqué par l’alternance de deux matériaux nobles préservés lors de la rénovation. La brique, de style prairie, est mise en valeur par la reconstruction pleine hauteur du mur du garage. Le lambris de bois rouge a fait place à un revêtement de cèdre clair qui trouve maintenant écho avec la matérialité de la coursive d’entrée et celle de l’ensemble des débords de toit.

La fenestration de couleur noire vient créer un contraste avec le revêtement d’enduit acrylique de couleur crème semblable au stuc présent à l’origine. La toiture en pente, initialement en bardeaux d’asphalte, est mise en valeur avec un revêtement métallique durable de style à baguettes. La séquence de pleins et de vides de la façade publique a également été préservée lors de la rénovation. La fenestration minimale de l’aire de vie, côté rue, crée une intimité absolue côté cour, tandis que la transparence du garage, qui fut abri couvert, offre une percée à la dérobée vers la cour.

Publications

• Répertoire du patrimoine bâti, Ville de Québec, Maison Gabriel-Gilbert
• Revue Architecture Bâtiment Construction, Édition de septembre 1956, « La maison Gilbert, à Sillery » par Olivier Chambre, p.32-35.
• Une maison patrimoniale qui rappelle les plus belles propriétés de Los Angeles www.silo57.ca